«La guerre niqua, Guernica
Et comme le pique-assiette, Picasso la repiqua»
Claude M’ Barali alias «Mc Solaar alias» «Solaar». 45 ans cette année, 7 albums, dont plusieurs classiques. Des albums classiques ou des chansons ?? Des albums.. Oui !! Rares sont les rappeurs qui sortent des albums classiques, ou de a à z le produit est juste au-dessus de tout. «Ideal J le combat continue», «Fabe le fond et la forme», «Iam l’école du micro d’argent» et «Solaar Prose combat».
Tout commence avec le «501 possee». À l’époque, on est très influencé par les É.-U; et tous les rappeurs ont leur Possee, leur bande, leur crew. Le 501 regroupe plein d’artistes tous plus talentueux les uns que les autres et toute cette petite bande tourne autour de Jimmy Jay et de Solaar. le 494 + 7 regroupe des perles comme : «Soon e mc», «Melaaz», «Bambi cruz», «Démocrates D», «Sléo» (voir 1er article de flashback peura), «Ménelik» qui se démarque du lot par la suite, «Dj Seek» qui réalise pas mal des projets du 501 et «Jimmy Jay» qui est comme le saint patron mettant en place par la suite les fameuses «Cool sessions».
En 1991, Mc solaar sort son premier album «Qui sème le vent récole le tempo», qui trouve son public et ses détracteurs. On lui reproche son côté acidulé et ses textes légers. Musicalement, Solaar tout comme le reste du 501 possee suit une ligne musicale très proche de la côte Est américaine. C’est l’époque des intrus jazzy, très simplistes, mais néanmoins très efficaces qui font la popularité des : «Gangstarr», «De la soul», «Brand Nubian», «Grand puba», «Us3», l’époque «Jazzmatazz». Lyricalement il lui faut plusieurs années pour être reconnu, car depuis le départ dans le rap français, ce qui marche c’est le côté agressif, vulgaire et dénonciateur. Le rappeur est tout sauf las dedans.
Solaar l’a toujours dénoncé, mais de manière très littéraire, avec un art de la plume que beaucoup ont négligé, avec un second degré que certains vont mettre 10 ans à comprendre. Dés ce premier album, il adopte un ton cru et sec, mais toujours… à ça manière. Il suffit de réécouter des sons comme : «Matière grasse contre matière grise», «Victime de La Mode», qui dénoncent les effets de la mode sur les jeunes formatés à ce qui marche en oubliant ce qu’ils sont. Dans le morceau «l’histoire de l’Art», le rappeur de Villeuneve St George se sait être au centre de polémiques et remet les pendules à sa manière :
« Les salauds salissent Solaar cela me lasse, mais laisse-les salir Solaar, sur ce, salut ! Lorsqu’on parle de l’histoire de l’art il faut rendre Solaar ce qui appartient Solaar est-ce clair ? »
Le titre «Armand est mort» est très sombre. Il raconte la chute d’une personne lambda passante d’une ville normale à rien jusqu’à toucher le fond. Ce son fait énormément penser à des titres de «IAM», comme «le sachet blanc» ou encore «un brin de haine» sur le 1er album solo de «Akhénaton» : «Métèque et mat». On est dans l’essence même du rap là. Le côté narrateur, le fait de relater simplement une histoire. Solaar décide de pousser certains titres de cet album comme «Caroline» qui deviendront des énormes succès. Le vidéo-clip reste dans les mémoires et à l’époque «Polydor» (la maison de disque) y met les moyens. Des violonistes de l’orchestre de «L’opéra Bastille» se joignent à Solaar et Jimmy Jay en studio pour donner au morceau ce côté très triste et mélancolique. Solaar déclare à l’époque au sujet de ce titre :
«Quand on parle d’amour, on peut toucher toutes les générations»
La chanson Caroline va devenir autant un classique que «petite Marie» de «Francis Cabrel»…..
Alors que, qui sème le vent récolte le tempo se vend à 400 000 exemplaires, le maître de la rime revient avec «Prose combat» 3 ans plus tard en 1994. Ce disque fait littéralement décoller sa carrière et se vend à 1 000 000 d’exemplaires. Pour ceux qui veulent se le procurer en cd, vinyles ou cassette c’est malheureusement impossible. Suite à une grosse mésentente entre l’artiste et sa maison de disque, l’album est retiré des bacs, les admirateurs crient aux scandales et le média parisien «Le Mouv’» prend les choses en main en éditant un papier en 5 chapitres expliquant dans les moindres détails le pourquoi du comment. Pour parler du contenu de l’album, «La Concubine de l’hémoglobine» est un manifeste traitant des guerres où Solaar démontre encore son talent d’écriture, cette manière très douce qu’il a de parler de choses graves. Ce titre est lourd, pesant et à la fois très poétique. Si l’on décide d’écouter les textes à la lettre, plein d’images nous viennent en tête et à la fin on s’est littéralement fait percer le coeur. C’est toute la force de l’artiste.
Autre titre majestueux, «le nouveau Western» comportant le fameux échantillon de «Bonnie and Clyde» de «Gainsbourg». Composé entre autres par «Pigale Boom bass» l’un des deux membres de «Cassius», groupe qui va former deux ans après avoir produit ce titre pour Solaar, il va avec «Daft Punk» et populariser le genre appelé la «French touch». Le nouveau western est lyriquement un bijou, musicalement au-dessus et une fois ce titre sorti, le rappeur allait définitivement marquer son empreinte. «Philippe Ascoli», directeur artistique dit :
«Après Nouveau Western, on savait que Claude allait compter dans la chanson française»
Mais pas que française, déjà un an avant la sortie de Prose Combat, le mc parisien est approché par «Guru» de Gangstarr qui veut le faire participer à son projet Jazzmatazz. Guru et dj premier vont sortir 4 compilations de ce mix jazz hip hop. Le fameux morceau «le bien le mal» en duo avec Guru va faire connaître solaar aux États-Unis à tel point que le célèbre producteur de disque «Chris Blackwell» veut le rencontrer afin de l’exporter totalement aux usa. Ce duo «solaar/Guru» va rester dans les mémoires au même titre que le «ntm/Nas» ou encore l’«Iam/Redman/Method man». Par la suite, solaar garde la tête froide et refuse également de travailler avec «Puff Daddy» qui voulait lui faire enregistrer un album tout en anglais.
S’en suit une série d’albums qui va trouver son public, mais solaar va s’éloigner de la culture hip hop on peut dire et se commercialiser au sens contenu, car au fond il n’y a rien de mal à ce que sa musique soit commerciale, au contraire. Le 3e opus, «Paradisiaque» regroupe 15 chansons, avec tout de même plusieurs classiques. : «gangster moderne», «paradisiaque», les temps changent, «dakota» pour ne citer que les titres les plus populaires.
«De la simplicité, mais ça n’existe plus sans blague ! les gens s’affichent comme des tags, on drague ! même avec un phone portable».
S’il faut se souvenir de solaar, il faut se souvenir de certaines choses bien précises pour se rendre compte quand même de la carrière du monsieur. Dans son premier album, le morceau «Ragga Jam» a été un tremplin pour beaucoup d’artistes. C’est les premiers pas de «Raggasonic» qui au départ s’appelle «Rapsonic» et d’un certain «Kery james» membre du groupe «Idéal junior». Également et pour boucler la boucle, son fameux possee 501 ses années de collaborations avec Jimmy Jay avec qui il développe les premières compilations «Cool sessions». Mais surtout surtout… il est l’heure d’analyser ses textes, les doubles sens, et tout ce travail d’écriture qui le rend si unique.