Paris regorge de talents, et Sopico en est la preuve même. Représentant du collectif 75eme session, le rappeur parisien a dévoilé la semaine dernière son projet YË. Retour sur un artiste qui risque de faire parler de lui en 2018.
Pour comprendre la signification de YË, pas besoin d’aller très loin. Cela exprime tout simplement l’expression « yeah », souvent émise par le rappeur. Mais cela représente aussi ses origines, car « Yemma » signifie « ma mère » en kabyle. On a donc dans ce projet une dimension très personnelle, et ça nous permet, en 14 morceaux, de mieux comprendre le personnage.
Vraiment connu grâce à son show acoustique sur Colors, Sopico a des inspirations autant rock, pop que rap. Un mélange de saveurs qui a permis au jeune rappeur de se créer un style propre à lui. Un bon point dans ce rap game qui amène trop souvent des clones.
Le cover de l’album représente aussi bien la dualité dans laquelle se trouve Sopico. Il est mis en scène dans une sorte de factory assez sombre, mais où la lumière des néons et la belle Suzuki viennent redonner de la vie à tout ça. Une façon de montrer que le rappeur est dans son quotidien confronté à cette cohabitation entre Humains et Robots. En effet, il passe la plupart de son temps au studio (Le Dojo mamen), et donc il est entouré de table de mixage et de tout autre matos de prod. Une bonne métaphore de nos vies actuelles, ou rares sont ceux qui se séparent de leur smartphone.
L’album est dans la même vibe. On enchaine les sons plus acoustiques, plus organiques, comme Belle étoile et les morceaux plus modernes, plus électroniques, comme Kirby. Un choix bien réfléchi et unique qui lui permet de rentrer dans une thématique intéressante. Il exprime à travers des références cinématographiques, de manga et de jeux vidéo, son ressenti sur sa vie et sur ce qu’il perçoit au quotidien. Une perception qui est parfois sombre, mais réaliste.
À l’image du son J.Snow, où Sopico incarne le bâtard Stark, et fait une bonne analogie entre les conflits de Game of Thrones, et les conflits entre individus qui se trament dans les rues parisiennes. Il parle beaucoup de la capitale française justement. Comme son berceau, il retrace dans le morceau Envie en featuring avec Sheldon (autre membre de la 75eme session) ses impressions sur une ville qui désire malgré tout quitter. Car oui Sopico décrit Paris un peu comme le monde d’ici-bas, où les crackhead côtoient les pavés en esquivant la police qui les traque.
L’interlude est aussi la preuve du travail artistique de Sopico. Il y explique a capela, son ressenti par rapport à sa vie et à l’écriture. Il voit ainsi tout cela comme une « chute pleine de plaisir ».
L’artiste incarne donc une double facette : le côté sombre, industriel, un peu à la « Black Mirror », et la lumière, l’espoir, incarné par le plaisir de faire de la musique tout simplement. Un combat qui se passe dans la tête du rappeur, mais qui en fin de compte est représentatif d’un paradoxe très contemporain.
Au final Sopico nous propose un projet très complet, où il arrive à bien mélanger les saveurs comme Gordon Ramsay dans sa cuisine. Si vous voulez voir ce que ça donne en live, le parisien sera en concert à Montréal, le 10 février prochain au Belmont. Une première date en Amérique du Nord organisé par Smoking Camel, où il sera accompagné de Clay and Friends et de LAF.
Événement: https://www.facebook.com/events/142634369860407/