Alors que le rap québécois commence à prendre ses aises dans la province, mais aussi en dehors, l’on ne finit pas de découvrir de nouvelles pépites. Déjà un peu connu dans le milieu avec quelques morceaux, dont le très bon Mama’s Boy, Mike Shabb nous arrive enfin avec son premier projet: NorthWave. De quoi relancer le game et de montrer que le rap anglo made by a franco a bien sa place au Québec.
Âgé de 19 ans, le jeune rappeur venu de Magog s’est installé à Montréal, et plus précisément à Hochelaga pour se lancer dans le rap game. Un domaine dans lequel il a toujours bercé, du fait que son père était lui aussi un grand fan de rap old school.
Et cela se ressent. On pige vite que le mec est un passionné, et que ces inspirations vont au-delà de la trap. Comme avec le son Boom Shakalak sorti il y a quelque année, et qui rend bien hommage au boomtrap UK. Puis comme il l’a déclaré dans une interview avec Vice Québéc, Shabbo n’a qu’un plan A. Une détermination qui pourrait déplaire à certains, mais quand on entend son talent alors on ne peut que le souhaiter de réussir.
Composé de 14 morceaux, Mike Shabb a signé un premier album qui risque d’être bientôt considéré comme un des classiques du nouveau rap québécois. On avait déjà pu entendre quelques morceaux comme No diggity et Trippin. Deux sons qui quand ils sont sortis, avaient donné le ton, histoire de bien faire patienter sa fan base qui ne cesse de s’agrandir.
Très sombre, la particularité de l’album c’est que Mike Shabb s’est auto produit. Un acte rare ces temps-ci dans la communauté, mais qui lui permet de se créer une vraie ambiance a lui, et qui donne une qualité encore plus affirmée a cet album. Les prods sont vraiment complètent, professionnelles, et font quelque peu penser à un mélange bien maitrisé de Ghostemane et de 21 Savage. Sombre et froid donc, ce projet colle parfaitement a ce que l’ont vis lors de nos hivers rugueux. Accompagné d’un backwoods bien gras, on rentre facilement dans l’univers, et on croirait presque entendre un membre canadien de la Secte 667. Et on le ressent bien sur le morceau Fuck Talk, dont le réalisateur Mob rend bien hommage à travers son clip. Ce qui m’a particulièrement fait plaisir, étant un fan du crew de Freeze Corleone. (À quand un feat avec le Montréalais ?!)
On y retrouve des featuring vraiment bons, avec notamment son collègue Kevin Nash, qui nous avait déjà proposé une mixtape il y a quelque mois. Le très productif MtLord, digne représentant de la trap anglophone de Montréal, est aussi présent sur le morceau Rack$. Les thématiques sont certes classiques, mais la technique et la provocation sont telles que l’on ne peut nier l’impact des punchlines.
On espère que Rugged Shabbo donnera la même intensité en live, car c’est un projet qui a intérêt à être partagé en concert, et on ne doute pas qu’il arrivera à faire passer son vibe dans une salle sombre et enfumée.