Par Bilel Morgan.
Avant d’aborder le sujet qui concerne mon article, je tiens à répondre à la première question que beaucoup d’entre vous se posent ou pourraient éventuellement se poser. C’est qui lui? Et pourquoi fait-il un éditorial sur la scène musicale québécoise?
Pour répondre à ces éventuelles questions, je commencerai par d’abord vous dire que je ne suis qu’un observateur de la scène musicale du rap au Québec. Je ne prétends pas connaitre la vérité absolue, mais j’ai une opinion sur tout.
Passons aux choses sérieuses. Le rap québécois est-il un rap de novice, ou de garderie, comme un certain rappeur connu l’a affirmé? Avant d’arriver à une conclusion hâtive, analysons des pistes de réponses…
D’abord, est-ce qu’il est possible que la raison pour laquelle le rap au Québec ne se limite qu’à La Belle Province et plus particulièrement aux grands centres et autour des villes comme Montréal ou Québec, est dû au manque de talent des artisans de la scène Hip Hop québécoise? À première vue, je suis très enclin à dire que oui. Il y a un réel manque quant à la qualité de la musique au niveau de la présentation visuelle ou audio ou de la qualité de la langue , si on pense aux rappeurs qui ont fait un passage remarqué, comme Sir Pathetik ou Radio Radio. Une marque ou plutôt une tache a été laissée, malheureusement…
Néanmoins, il y a beaucoup d’artistes de qualité sur la scène. Les premiers exemples qui me viennent à l’esprit sont Manu Militari, Koriass, SP, Misa et…K-Maro!
Vous vous attendiez pas à cela? Non? Alors vous avez tort! En effet, K-Maro est le seul artiste canadien et francophone ayant eu un succès international dans le monde du rap francophone. Ah, j’oubliais! Vaï, l’acolyte de K-Maro, qui n’a eu qu’un seul single à succès ailleurs qu’au Québec. Pourquoi K-Maro aura été le seul artiste ayant eu un succès en Europe et plus particulièrement en France?
La raison est simple, le public français est un public qui a une tendance à être snob. Pour eux l’accent des québécois ne semble déjà pas crédible.. Alors imaginez l’accent dans de la musique de rue ou la crédibilité est de mise.
Vous ne me croyez pas? Pensez à Cœur de pirate, Garou ou tout autre artiste québécois qui modifient son accent pour le rendre un peu plus international. Dans le cas de Cœur de pirate, elle décide de complètement éliminer cet accent curieux!
Bizarrement, K-Maro et Vaï n’avaient pas l’accent typiquement joual propre au Québécois de souche.
Cette barrière fictive, qui concerne la langue, n’aide en rien à la profusion de la culture Hip Hop du Québec, car il faut bien le reconnaitre, il n’y a pas un grand public pour le rap québécois.
Les artistes les plus connus comme Manu Militari, se battent pour essayer d’atteindre un nombre de vues sur Youtube. Un nombre de vues qui, parfois, n’égale même pas celui de certains rappeurs inconnus en France.
Malgré ça, des artistes comme les Anticipateurs, avec le single « SAPOUD », réussissent à obtenir plus d’un million de vues sur Youtube. Cela démontre bien qu’au Québec, si tu veux réussir à faire des chansons de rap à succès, sans changer ton accent. Tu doit faire du rap humoristique ou avoir beaucoup d‘argent, car les gens ne semblent pas vouloir d’un discours moralisateur à la Youssoupha ou Médine.
Bref, le rap québécois n’est pas un rap de novice. Malheureusement, comme dans tous les business, quand l’offre est plus grande que la demande, le marché ne fonctionne pas.
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