La semaine dernière, le rappeur montréalais sortait son album O.P.N. Retour sur son quatrième projet, en collaboration avec MMS Records.
On va mettre fin au mystère tout de suite. « O.P.N » signifie Ora Pro Nobis. Une abréviation latine que l’on pourrait traduire par : « priez pour nous ». Cette punchline est récurrente sur les anciens livres de prières. Avec ce titre, Enima démontre qu’il a atteint un autre niveau du rap game. Plus mystique.
Alors que ses projets précédents avaient pour but de l’introduire dans le rap game, le rappeur est maintenant à un stade où il s’affirme. Ainsi, après « l’Eclipse », Enima prend le rôle d’un prince qui vise la couronne. Une façon d’expliquer que c’est le plus gros rappeur Québécois, même si on ne le voit pas sur Radio-Canada (mis à part pour un procès.)
J’étais pas fait pour réussir moi j’imagine
J’ai défié la loi d’la nature comme la magie
C’est dans ce sens que tout le projet prend son identité. En effet, Enima a expliqué dans une interview que la plupart des médias mainstream ne mettaient pas en avant les rappeurs populaires, mais plutôt ceux qui correspondent au profil de leur ligne éditoriale. Mais comme le rappeur l’explique, ce qui est diffusé sur les médias classiques n’est pas forcément ce que la plupart des gens écoutent. Et il suffit de se rendre sur Saint-Laurent un vendredi soir pour comprendre cela.
Ainsi, Enima se présente comme un prince maudit, qui a dû lui-même arracher la couronne du rap game. Chose faite. Car vu le nombre de views sur YouTube et Spotify, le montréalais est bel et bien l’artiste rap le plus écouté dans la province.
À l’instar de Booba qui s’est fait boycotter au début de sa carrière, Enima est devenu le plus gros représentant de notre rap montréalais. Même si la ville ne se limite pas à du gangsta rap, il est important de faire part des projets locaux.
Niveau musique on est servis. Composé de 21 morceaux, « O.P.N » va plaire aux amateurs de gangsta rap. Mais avec une touche de mélancolie, Enima raconte son ascension, ses problèmes et ses ambitions. Des thèmes classiques en effet, mais qui sont mis en valeur par les prods et surtout par les textes du rappeur. Avec un slang local, et des références bien trouvées, Enima a su mettre en avant le vibe montréalais. Ce qui nous donne un savoureux mélange de rap américain et de rap français. Mais malgré ces inspirations, « O.P.N » est un projet très authentique, à l’image du rappeur.
On a hâte de voir tout cela en concert, surtout les morceaux Misère, Leçons, et Portes de l’enfer, qui sont selon moi, les plus représentatifs de l’album. Avec des prods tantôt planantes tantôts banger, Enima a su nous immerger dans son univers. Un album qui dans l’ensemble reste très bon, même si j’ai eu plus de coups de cœur pour « Eclipse » , son opus précédent.
Un projet qu’on attendant depuis longtemps donc, et qui globalement ne nous a pas déçus. Ainsi, le Prince prend bel et bien position, et son couronnement s’est fait avec succès.