1. Un 5ème album, à cause d’un “titillement de fierté” (pour reprendre tes mots) ou réelle envie?
Les projets en indépendants avaient écarté de ma pensée produire un album solo avec une grosse maison de disque. Courant de l’année 2014, vient la proposition de Def Jam de faire cet album dont la sortie serait prévue en novembre. Au départ, je trouvais ça irréalisable à cause du laps de temps trop court. Puis autour de moi, on a commencé à me taquiner à me dire que je devais le faire, que je ne pouvais pas refuser. J’ai accepté. À partir de ce moment, je n’ai plus eu une minute de libre. Chaque instant était propice à écrire et composer. Composition que j’ai réalisée avec Sébastien Damiani.
Son petit secret: un carnet de note qu’il garde en permanence avec lui, fourre-tout à idées où il aurait déjà quelques idées de futurs morceaux.
2. La règlementation niveau sampling, un frein à la création?
La réglementation sur le sampling a été le frein principal pour IAM et pour ma carrière solo. Il est un art à part entière. Les contraintes budgétaires m’ont incité à trouver d’autres solutions dont composer. Déjà, pour Revoir un printemps, la composition était expérimentée et surtout pour le dernier album d’IAM Arts Martiens, j’avais essayé des tas de choses. On y perd le côté sauvage du sampling et cela demande beaucoup plus de temps. Pour Je suis en vie, c’est très jazz, soul sans être un album samplé. C’est une approche différente mais le travail y est intéressant.
3. Quelques feats (REDK, Shurin’N, Tyler Woods, etc) un panel assez large? Puis un feat avec une chanteuse montréalaise Meriem Saci, raconte?
Meriem Saci avait participé à un projet avec Imhotep, Kheper Watt mais je l’ai rencontrée lors du festival Babel Med sur Marseille. Elle m’a ensuite envoyé ce qu’elle faisait. Je trouve que c’est une artiste complexe capable de chanter dans plusieurs langues, de rapper. C’est une Joie. C’est important de travailler avec des gens qui ne font pas leur diva, homme ou femme. Une belle rencontre artistique et humaine.
Pour les featurings, il y a les rencontres du moment, une photographie de l’instant. Pour l’anedocte, le son Highlanders avec Veust L¥ricist est un hommage au morceau Broken Language de Trigga tha Gambler et Smoothe Da Hustler. Il est venu au studio, il avait fait un son qui était une sorte de reprise. Ça s’est fait spontanément. C’est ça que j’aime bien dans le rap. Avec Iam et donc avec moi, on fait les morceaux, sans calcul de l’image ni opportunisme, puis s’ils sont bons on les met.
4 . Penses-tu que le rap s’est popularisé ou qu’il est devenu de la pop musique?
Un peu des deux. Certains raps le sont devenus. C’est dur d’émettre un jugement sur le rap comme sur le rock. Il est devenu extrêmement nuancé, très écouté et très pratiqué et donc forcément tu vas trouver des sons très diversifiés. Dans le rap US, il y a exactement la même problématique. L’important est de respecter ses consoeurs.
5. Nouvelle génération montante qui sort du lot pour toi ( kaaris, Lacrim vs Hugo TSR, Demi Portion) ?
J’ai acquis avec le temps une forme de tolérance, il y a d’autres styles de rap. C’est normal, ça fait partie de l’évolution. Mais je n’ai pas trouvé du rap qui me correspondait. Mon oreille a été éduquée avec le rap américain depuis 1981. J’ai grandi avec. Ce n’est pas par snobisme c’est juste une question de musicalité. J’arrive à trouver dans le rap US, le HipHop qui me plaît tels que Rhapsody ou C.R.I.$.I.$. Mais il y a des personnes de talent comme Orelsan par exemple.
6. Inspiré par Musashi Miyamoto, clin d’oeil d’une vie simple et finalement rattachée à l’essentiel, “Atteinte de la Sagesse”?
Je ne sais pas si c’est de la sagesse mais j’ai appris à me détacher des futilités, prendre du recul en simplifiant ma manière de vivre. Je suis dans la contemplation de la beauté du quotidien c’est à dire à trouver le beau dans le moche parfois. C’est un état esprit.
Des textes qui lui ressemblent, une maturité acquise. Pas de doute, Chill est bien en vie…